Roland se souvient : épisode 13

Auffargis, ces années-là…

Le Grand Meaulnes est venu à Paris, dans l’espoir fou de retrouver Yvonne de Galais, la jeune-fille du bal – et toi Roland, te souviens-tu ?

Oui, elle est dans la salle à manger ; je me tiens près du vaisselier breton, et elle se tient, silencieuse mais tendue, en face de moi, car elle est venue me chercher : une si belle jeune fille pourrait me vouloir ? Et moi ? Et voici qu’un autre personnage féminin de la maison apparaît – l’emprise – et son visage va d’elle vers moi, de moi vers elle, et au bout d’un moment de silence, les yeux de jais quittent la pièce, s’en vont, et jamais je ne les reverrai. Jamais je ne reverrai les hanches fines et subtiles, les bras qu’elle appuyait contre ma poitrine quand nous dansions dans le grenier de la ferme. Comprenez-vous que 50 ans après je garde un souvenir si précis de ce moment si incompréhensible, si inexcusable, si dramatique, de l’amour non échangé. Jamais plus je ne passerai la grille à double battant, Fanchette, celle en face de la maison de tes parents.

Alors Cher Lectrice, Cher Lecteur, pourquoi écrire ce souvenir dans ma chronique ? Par goût de l’indiscret ? Oh non. Parce que j’obéis à ma mémoire, parce que votre estime amicale devant mes textes m’accompagne. Mais pourrai-je oublier, ou ma quête se poursuivra-t-elle…

A suivre…

9 commentaires sur “Roland se souvient : épisode 13

  1. Ne pas oublier, mais en faire quelque chose, c’était la meilleure solution, et il fallait du courage pour livrer tout cela ! Ce sont des moments-clés, dont on ne comprend le sens que parfois très longtemps après…

  2. Mon Dieu, Adeline, comment faites-vous pour analyser et comprendre aussi ‘juste’ et cohérent ? – Oui, ‘en faire quelque chose ‘ – Merci pour ces mots –
    Bien à vous-
    Roland

  3. je partage votre sentiment de subtilité et profondeur des sentiments des personnes qui avancent en age. Cependant n’avez vous jamais dansé avec une autre jeune fille dans ce grenier ? Cette jeune-fille ne croyait elle pas en s’appuyant elle aussi contre vous être le seul objet de votre attention? On passe parfois à côté d’un amour profond par souvenir d’un sentiment non abouti.
    Continuez à écrire vous avez une plume fluide et tellement agréable à lire. Merci

  4. Merci, Chère Lectrice – Merci pour la recommandation à poursuivre ma chronique, et pour vos commentaires subtils etchaleureux.
    Roland

  5. pas même un prénom ? Seuls des yeux de jais et le contact de ses bras ?
    La maison en face de celle de mes parents, Roland, était la maison Dauphin, à moins que tu ne parles de la maison des Martin ? ou des Malinski ? J’ai des prénoms à te soumettre… mais peut-être souhaites-tu que reste entier le secret des yeux de jais…

    Ah la mémoire, la mémoire, si envahissante et si sélective à la fois…

    J’attends la suite, Roland. Et merci pour ces mots doux qui te découvrent et tout à la fois instillent le mystère…

  6. Grand’ merci, Sophie, pour ta contribution et pour ton commentaire – Je pense que c’était la maison des Dauphin; dis-moi des prénoms, Sophie –
    Prochain épisode bientôt -Bien à toi –
    Reporter Roland

  7. Chers lecteurs, je vous propose de continuer ces échanges qui deviennent très précis (noms, prénoms…) hors web, si vous en êtes d’accord, je vous communiquerai l’adresse email perso de chacun d’entre vous.

  8. Merci Hélène, c’est vrai qu’on est tellement cocon sur ton blog qu’on en oublie qu’il peut y avoir de très nombreux lecteurs, pas forcément intéressés par les détails… 😉
    Merci de ton initiative et bisous
    Fanchette

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